Promenades dans Delhi

Publié le par Annick et Jérôme

Delhi est une des trois villes de l'Inde comptant plus de 10 millions d'habitants, après Mumbaï (Bombay) et Kolkatta (Calcutta). C'est dire que nous n'en connaissons qu'une petite partie. En fait, il y a deux villes, Old Delhi au Nord et New Delhi au Sud construite par les Anglais. Nous habitons dans New Delhi, dans un endroit particulièrement vert, dans le quartier où se trouvent les ambassades. Il y a beaucoup d'espaces verts à Delhi, aussi bien des parcs aménagés pour la promenade, que de véritables forêts restées à l'état sauvage. Dimanche dernier nous avons pique-niqué dans un grand parc à moitié sauvage. Pas de tigres ! Mais des moustiques et une énorme averse de mousson. Nous allons tous les week end nous promener dans un des plus beaux parcs de Delhi, le Lodhi Garden où se trouvent de très belles tombes moghols, dont vous avez un exemple sur la photo. Lodhi-garden-02.jpgMême dans des quartiers résidentiels relativemnent récents il y a beaucoup d'arbres. Cela nous permet de supporter la pollution. Nos terrasses donnent sur des arbres et nous avons l'impression d'être dedans. Nous pouvons voir de nos fenêtres les acrobaties des petits écureuils sur les branches.

Parmi les promenades, il y a le shopping, à la recherche de fringues ou d'objets artisanaux à ramener en France pour la famille et les amis. Annick connaît maintenant tous les bons endroits et marchande sans hésiter. Elle a trouvé la technique, pour faire baisser les prix : elle dit qu'elle va en parler à son mari ! Pour la nourriture quotidienne, Annick va au petit marché qui se trouve à quelques pâtés de maison de chez nous. Il faut voir les sourires lorsqu'elle arrive, les amabilités...mais ils ne la roulent pas et pour ce qui est des fruits et des légumes par exemple, ses petits vendeurs lui donnent toujours la meilleure qualité. 

Delhi est grand et en dehors du petit marché d'à côté (Malcha Market), il faut se déplacer en voiture, donc pour nous en taxi. Nous ne prenons pas de rickshaws, pourtant c'est la moitié du prix des taxis, mais nous ne nous sentons pas très à l'aise dans ces vespas aménagées, qui paraissent tellement vulnérables dans la circulation. Mais on y viendra sans doute. On s'habitue à tout. Donc nous prenons des taxis, c'est à dire que nous téléphonons à la station voisine pour qu'on nous envoie un taxi. Ce sont des ambassadors, noires et jaunes, des voitures construites sur le modèle de Morris de l'après guerre, pas de la haute technologie, mais qui se fabriquent et se vendent toujours très bien. Une fois dans le taxi, il faut négocier pour que le chauffeur mette le compteur. Maintenant, on nous connaît et le compteur est toujours mis, même s'il est caché ou protégé du soleil sous un petit mouchoir, qu'il faut demander de soulever pour vérifier qu'il est en marche. Avec les richshaws, c'est impossible de faire mettre le compteur et il faut négocier le prix de la course avant de partir. Il n'est pas facile de trouver des taxis, hors des endroits où il y a des stations. Impossible d'en héler un en maraude. Donc quand nous allons quelque part, nous demandons au chauffeur de nous attendre. Il est fréquent, comme ce dimanche, de partir de la maison à 11heures et de revenir vers 3h ou 4h de l'après midi. Il nous en coûte, selon le résultat des négociations à l'arrivée, l'équivalent de 10 Euros. Nous sommes en guerre contre l'un des patrons de la station de taxi, qui nous facture des temps d'attente exorbitants et qui nous empêche de choisir notre chauffeur. On l'a pris par surprise ce matin et nous avons pu avoir Jasbir toute la journée. C'est le plus sympathique et par sa gentillesse il obtient plus de nous: il ne ne propose jamais un prix. Quand on lui demande combien, il répond "what you like" et invariablement nous le payons mieux que son teigneux de patron. Annick a parcouru Delhi avec lui. Il lui raconte sa vie et lui donne de bonnes ou de moins bonnes adresses pour le shopping.

Quelques exemples de nos découvertes ou redécouvertes. Old Delhi, bien sûr, où nous sommes allés dès les premiers jours pour acheter des épices. Nous y sommes retournés hier, pour refaire provision d'épices. Quelle expédition ! Nous avions trouvé un nouvel itinéraire, qui sur le plan paraissait plus facile et qui devait permettre au chauffeur de se garer pour nous attendre. Quelle galère. Une rue pourtant large, où ne pouvait passer qu'un véhicule, à cause de tout l'encombrement de voitures garées en double voire triple file, de chariots, de vélos de piétons et d'animaux divers. Notre chauffeur avait mis son klaxon en alerte maximum pour tenter de doubler les rickshaws (à vélo ceux-là), en vain bien sûr. On a fait toute l'avenue (le terme est impropre) à vitesse de pédalage des rickshaws. Ensuite, le chauffeur se gare devant une échoppe sur une placette encombrée et nous plongeons dans le marché aux épices : une rue assez large bordée d'échopes, les plus grandes ayant une façade de 5 mètres, mais la règle générale c'est entre 2 et 3 mètres. La chaussée est un joyeux désordre de toutes espèces de véhicules, klaxonnant, sonnant, criant, meuglant (en fait non les vaches sont étrangement silencieuses, signe qu'elles ont atteint la Grande Sérénité ou que la pollution les a rendues aphones). Le plus spectaculaire ce sont les richshaws-vélos, sur lesquels sont parfois entassés des cartons jusquà 3 mètres de haut. Nous en avons vu un ainsi chargé et tout en haut de la pile de cartons (des cartons vides pliés) un homme qui essayait de s'y installer. Pas plus facile de se déplacer sur les trottoirs où se meut sans hâte une foule colorée. Il faut faire attention aux hommes qui portent d'énormes sacs. Nous avons pu retrouver le marchand, chez qui nous étions allés au mois de mai. La largeur de façade de son échope ne dépasse pas 1,50. Il était là assis en lotus au milieu de ses épices. Il nous a fait asseoir sur de vagues tabourets. Ainsi placés, nous avions le nez à hauteur de ses pieds et nous obstruions l'entrée de la boutique. A l'extérieur des sacs d'épices ouverts qui débordent sur le trottoir, tandis qu' à l'intérieur le magasin est comme un long couloir sombre sur les murs duquel se trouvent des étagères. A chaque demande le fils du patron s'enfonçait dans ce couloir pour aller chercher la marchandise, la peser et l'ensacher. Et nous sommes repartis avec notre cargaison odorante, délestés d'à peine 10 euros. Plus de chauffeur sur la placette et la pluie qui commence à tomber. On l'appelle (tous les chauffeurs de taxis, et même de rickshaws-scooters, ont un téléphone portable), mais avec le bruit et son anglais, impossible de le comprendre. Finalement on le retrouve un peu plus loin de l'endroit convenu. Retour sous une bonne pluie de mousson, malheureusement trop rare cette année. Nous quittons Old Delhi, pour retrouver les grandes avenues verdoyantes de la nouvelle ville. Mais avant de quitter la vieille ville un mot des ordures. Elles sont omniprésentes, moins bien sûr dans notre quartier. Il n'y a pas de tri et le ramassage est pour le moins erratique. C'est un des gros problèmes des villes indiennes. Les municipalités n'ont pas encore perçu l'ampleur du problème , ce n'est pas leur priorité et les habitants ne veulent pas payer pour le ramassage. Il y a bien les vaches, mais ce n'est pas la solution. Nous en avons vu brouter dans des tas d'ordures en allant à Old Delhi. Elles sont d'une rare habileté pour ouvrir les sacs en plastique et passer la langue dedans pour voir s'il n'y a pas quelque chose de comestible.

Annick a découvert en plein centre de Delhi un endroit très étrange. Il s'agit d'une demie douzaine de constructions recouvertes d'une peinture rouge et de formes géométriques. C'est un observatoire servant à mesurer les positions des astres, construit au dix-huitième siècle par un empereur Moghol. L'empeureur a rassemblé là tout le savoir astronomique de son époque. Impossible de comprendre, car les explications sont trop sommaires et la matière n'est pas simple. On apprend tout de même qu'on mesurait la déclinaison des astres, à commencer par le soleil et la lune. Un des édifices semble être l'équivalent d'un sextant. Le lieu est aujourd'hui un peu fantomatique et par moments fait penser à un sanctuaire dédié à l'adoration du soleil. Un des bâtiments ou ustensiles, on ne sait pas comment le nommer, comporte en son milieu une rampe donnant accès par un long escalier à une plateforme sur laquelle se trouve comme une petite table : on ne peut pas s'empêcher de penser à un monument Inca.

Visite de Humayum's Tomb. Une très belle tombe Moghol entourée de magnifique jardins. La tombe principale est souvent comparée au Taj Mahal. La comparaison est exagérée, mais le mélange de marbre et de pierre rose est très beau. Comme le Lodhi Garden, la plus grande partie du charme vient des jardins. Humyun-s-Tomb-024.jpgLa restauration et l'entretien ont permis de conserver le monument principal dans un état impeccable. Mais les tombes secondaires moins bien entretenues ont peut-être plus de charme, même si leurs coupoles ont été dénudées de leur couverture de marbre ou de céramique de couleur.

Excursion dans Nizzamuddin Ouest. Il  s'agit d'un quartier musulman qu'Annick a découvert grâce à des amis qui l'y ont amenée un soir pour entendre de la musique Soufi, lorsque j'étais à Manille. Le quartier est un souk, dans lequel nous nous faufilons pour atteindre une petite place sur laquelle se trouve la tombe d'un saint soufi. Nous sommes les seuls européens et notre venue ne passe pas inaperçue. La tombe est très belle avec ses murs de marbre ajouré, mais nous ne pouvons pas l'approcher car il y a une queue de pélerins qui viennent faire leurs dévotions. A la sortie nous sommes poursuivis par des mendiants, surtout des femmes avec leurs bébés. Le fait de donner à l'une d'elle en fait venir d'autres qui nous poursuivent jusqu'à la voiture. 

L'attitude vis à vis des mendiants est un problème. Très souvent il y en a aux feux rouges. A la différence d'il y a trente ans, il y a peu d'estropiés (mais il y en a ), et les enfants ou les bébés portés par les femmes ne sont pas en état de sous nutrition. Difficile en particulier de résister aux enfants qui aux feux rouges font des acrobaties pour nous faire rire. Souvent nous leur donnons quelque chose, mais inmanquablement il y a un ou des frustrés qui se collent aux carreaux alors que nous n'avons plus de monnaie. Parfois il y a des travestis qui mendient. On les reconnaît tout de suite à leur allure et à leur comportement provocateur. Pour mendier ils ne gémissent pas mais tapent dans leurs mains et n'insistent pas si on ne leur donne rien. Ils sont apparemment bien admis et ont sans doute un rôle social. Il faudra se renseigner.

A suivre.
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