Les Indiens aiment-ils les animaux ?

Publié le par Annick et Jérôme

L'autre jour, en plein après-midi, Annick a aperçu un singe qui passait sur notre balcon. Panique, car il paraît que si les singes entrent dans les maisons ils font beaucoup de dégâts. Ils commencent par vider le frigidaire, ce qui n'est pas très grave, mais on dit qu'ils cassent tout. Vrai ou faux, nous préférons ne pas faire l'expérience et nous sommes maintenant prudents lorsque nous ouvrons la porte donnant sur la terrasse. Il y a des singes à Delhi, mais de moins en moins et, à part cet incident, nous n'en avons presque pas vus depuis que nous sommes arrivés. La municipalité de Delhi les chasse et quelques bonnes âmes s'en émeuvent. De même, révolution, la municipalité de Delhi a décidé de mettre de l'ordre dans le vagabondage des vaches. Leur propriétaires sont invités à les empêcher d'obstruer la voie publique. Bien sûr cela ne va pas jusqu'à menacer de les maltraîter pour les faire circuler. Les Indiens aiment-ils tant que cela les animaux ? Comme toujours dans le cas de ce pays on peur répondre oui et non. Il y a des animaux dans le panthéon indien. Hanuman le singe, qui, entre parenthèses, n'est pas dans la mythologie le voyou comme le début de ce texte pourrait vous le faire penser. Hanuman est serviable et plutôt du genre savant érudit, que chapardeur de frigidaire. Il y a les nombreux animaux avatars des dieux : le poisson, le lion, le sanglier, la tortue, l'éléphant...et les mélanges d'homme et d'animal, dont le plus célèbre est le dieu Ganesh, au corps d'homme ventripotent et à la tête d'éléphant, symbole de prospérité et de richesse. La frontière entre l'homme et l'animal est d'ailleurs assez ténue : la croyance en la réincarnation, fait que des hommes ont pu se réincarner en animaux et que des animaux vont sans doute se réincarner en hommes. Certains hommes, les dalits (les intouchables, hors castes) sont d'ailleurs souvent moins considérés que les animaux. Un grand nombre d'Indiens sont végétariens, hindouistes pratiquants ou non. Le Jaïnisme, une des deux grandes sagesses (l'autre est le Bouddhisme) nées en Inde, prescrit un respect strict de toute vie animale, au point que certains de ses adeptes ont un mouchoir devant la bouche pour ne pas tuer par mégarde de petits insectes. Nous sommes nous-mêmes devenus quasiment végétariens, non pour des raisons philosophiques ou religieuses, mais parce que la cuisine végétarienne est délicieuse et que par la chaleur qui règne, c'est le régime alimentaire le plus adapté. En revanche, les 140 millions de Musulmans ne sont pas végétariens.

Ce qui précède doit vous faire penser que les Indiens aiment les animaux. Ce n'est pourtant pas toujours le cas, comme en témoigne la façon dont sont traités les chiens dans les rues, même si la classe moyenne se met à la mode occidentale du chien domestique, notre propriétaire par exemple. On a vu de la publicité pour Royal Canin et une boutique pour chiens !  Si les animaux étaient toujours bien traités pourquoi cet avertissement sur notre facture d'électricité : la cruauté envers les animaux est un délit et les contrevenants auront affaire avec la justice. Pourquoi faire figurer cela sur la facture d'électricité, à la suite d'informations sur la personne à contacter en cas de contestation de la facture ? Pour un peu, on se demanderait si les gens ne s'amusent pas à électrocuter les animaux ! A ce stade, disons que les Indiens sont bien disposés envers certains animaux, le préféré étant la vache, mais pas envers tous. Ils peuvent être pleins de sollicitude, voire de dévotion pour les animaux qu'ils aiment, comme ce paysan qui faisait chauffer l'eau de la mare où se baignait son buffle, et cruels envers les animaux qu'ils méprisent. En tout cas sur ce terrain, nous n'avons pas de leçon à leur donner et globalement  pour un animal, il vaut sans doute mieux être indien qu'européen. La célèbre chasse au tigre a vécu et le tigre, dont il ne reste que quelques exemplaires dans le nord-est est maintenant une espèce protégée. La chasse en général n'est pas un sport national, voire un droit de l'homme, comme chez nous. Du fait du grand nombre de végétariens, il y a moins d'abattoirs. La viande de boeuf, pardon de buffle, est quasiment introuvable et les carnivores doivent se reporter sur le poulet et le mouton.
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